L'histoire du Ju-Jutsu
Le Ju-Jutsu est un art martial traditionnel japonais qui remonte à plusieurs siècles. Né dans le contexte des combats rapprochés des samouraïs, il regroupe un ensemble de techniques de lutte, de projections, de frappes et de contrôle du corps. Cet art martial a évolué au fil du temps pour devenir à la fois un système de combat efficace et une discipline enrichie de valeurs spirituelles et philosophiques.
🏯 Des siècles d'histoire
Depuis l’apparition de l’homme sur Terre, il a dû lutter pour survivre dans un environnement hostile — contre les animaux, mais aussi contre d’autres hommes. Ces combats visaient à défendre ses biens, asseoir sa supériorité et dominer son entourage.
Le Japon, souvent en proie à des conflits entre clans et soucieux de protéger son territoire, développa très tôt un art du combat particulièrement efficace, notamment dans le domaine du corps à corps. Ce fut durant la période féodale, alors que les arts militaires prenaient une place centrale, que cette évolution s’intensifia.
Parmi ces arts, le Sumo, puis le Ju-Jutsu, occupaient une place prépondérante.
À l’origine, le Sumo (ou Sumai, signifiant littéralement “le combat”) faisait partie intégrante des différentes formes de lutte japonaise. Selon les historiens, sa séparation des autres disciplines remonte au célèbre combat entre Nomi no Sukune et Taima no Kehaya. On considère généralement que les origines du Ju-Jutsu datent de cette époque.
Il est néanmoins probable que les arts martiaux japonais soient nés en Inde, aient transité par la Chine, puis se soient structurés et perfectionnés au Japon.
Des documents historiques attestent également qu’en Grèce et en Égypte, des techniques de combat similaires à celles du Ju-Jutsu japonais étaient pratiquées par les hommes d’armes, comme en témoignent plusieurs bas-reliefs gravés sur des tombeaux.
Selon la tradition, l’empereur Ming-Ti de la dernière dynastie Han envoya des émissaires aux Indes pour y découvrir de nouvelles formes de savoir. Ces derniers en rapportèrent des techniques de combat rapproché.
En l’an 527 de notre ère, le moine indien Bodhidharma (ou Daruma) enseigna la religion bouddhiste dans le monastère de Shaolin, dans la province de Honan en Chine. Il y incorpora à ses exercices de Zen des techniques de combat inspirées des mouvements d’animaux. C’est ainsi que naquirent certaines des bases des arts martiaux internes.
Fait notable : le terme Shorinji que l’on retrouve dans de nombreuses écoles japonaises (telles que Shorin-Ryu, Shorinji-Kempo…) est en réalité la lecture japonaise de Shaolin.
Introduites au Japon par des moines bouddhistes, ces techniques se transformèrent en disciplines telles que le Sumai, le Tode, le Kogusoku (qui deviendra l’Aiki-Jutsu) ou encore le Kumiuchi, un art du combat à mains nues né sur les champs de bataille.
L’évolution des arts martiaux japonais peut se diviser en trois grandes époques :
🔸 L’époque du Bu-Jutsu
Période des techniques de combat, forgées dans les conflits sanglants et testées sur les champs de bataille.
🔸 L’époque du Bu-Gei
Phase de structuration et de raffinement. Les techniques sont classifiées en 18 disciplines (les Bu-Gei Ju-Happan) et de nombreuses écoles (Ryu) sont fondées. Le Ju-Jutsu y est codifié et enseigné comme un art de survie quotidien.
🔸 L’époque moderne : les Budo
Naissance des arts martiaux traditionnels tels que nous les connaissons.
L’accent est désormais mis sur l’éducation physique et morale du pratiquant, en orientant la pratique du Jitsu (technique) vers la Voie (Do). Les arts martiaux s’imprègnent alors de philosophie, donnant souvent à la dimension spirituelle une importance aussi grande — voire supérieure — que l’aspect physique.
En revenant aux origines modernes du Ju-Jutsu, Jigoro Kano (1860-1939), fondateur du Judo, explique que les premiers maîtres, venus de Chine, proposaient un enseignement rudimentaire, basé essentiellement sur l’utilisation des pieds et des mains.
Progressivement, la souplesse, l’esquive (inspirée du maniement du sabre), le contrôle des attaques, les projections et les luxations enrichirent cette pratique. Le Ju-Jutsu tel que nous le connaissons était né.
Mais le Ju-Jutsu des Samouraïs ne se limitait pas aux techniques de frappes, de projections ou de contrôles. Il intégrait également un art méconnu : le Katsu (ou Katsu-Jutsu), qui permettait de réanimer une personne en état de mort apparente ou de soulager certaines douleurs.
Ces techniques de « retour à la vie », appelées Kuatsu, sont toujours enseignées aux ceintures noires, notamment aux professeurs. Elles font partie des épreuves du 2ᵉ degré dans les disciplines de Nihon Ju-Jitsu et Nihon Tai-Jitsu. Ces techniques agissent généralement par stimulation des zones réflexes, influant sur les centres nerveux et cardiaques.
