L’Aïkijujutsu (aussi appelé Aïki-jutsu) est un art martial japonais basé sur le principe de la coordination entre l’attaque et la défense.  Cette méthode comprend des techniques de défense sur attaques à mains nues ou contre un agresseur armé.

La technique  se veut d’être simple mais d’une redoutable efficacité,  que ce soit pour neutraliser un adversaire le plus rapidement possible, ou pour le contrôler et l’immobiliser.

Les origines

L’éventail d’arts martiaux japonais est extrêmement varié, on retrouve autant une multitude de techniques et méthodes de combat avec armes que des techniques et méthodes de combat à mains nues.

C’est donc dans cette catégorie qu’entrent l’Aikijujutsu et le Ju-jutsu qui se sont ainsi développés depuis la nuit des temps.

C’est la famille Takeda qui reçut la mission de préserver et de transmettre les techniques de l’Aikijujutsu.  Maître Takeda Sokaku nomma son école Aikijujutsu Daito-Ryu (1898).  C’est, semble-t-il,  grâce à lui que l’on doit la survie de l’Aikijujutsu.

Maître Sokaku Takeda

L’école Daito-ryu Aikijujutsu est une célèbre école de jujutsu du Japon mais qui est très récente. Elle possède une riche histoire mêlant confusément figures légendaires, mythologiques et historiques qui suscite bien des interrogations quand à l’authenticité de la filiation jusqu’à Takeda Sokaku (1860-1943). De même que pour l’apparition du terme Aikijujutsu, connu aussi sous l’appellation de Aiki-no-jutsu ou encore Aiki-jutsu, les controverses ne finissent pas d’alimenter les conversations de fervents pratiquants et autre passionnés. C’est avec le précieux concours de Soke Katsuyuki Kondo, unique successeur de Tokimune Takeda (1916-1993), du Daito-ryu Aikijujutsu, et par l’étude minutieuse de document historique inédit que nous vous proposons une approche plus concrète de l’histoire de ce courant d’Aikijujutsu typiquement japonais.

Selon les makimono de l’école Daito-ryu et du Takeda-ryu, l’art remonte à fin de la période Heian (782-1190). Dans ces deux écoles qui se réfèrent à l’Aikijujutsu, l’art serait un ensemble de technique d’autoprotection, transmise secrètement de génération en génération jusqu’à l’empereur Seiwa Genji (858-876). La 5ème génération de ce dernier, le Shogun Minamoto no Tomoyoshi, aurait transmis ce savoir à son troisième fils, Shinra Saburô Minamoto no Yoshimitsu (entre 11ème et 12ème siècle). Ce dernier compila et donna forme à cette méthode de combat pragmatique à laquelle il donna le nom de l’endroit où il vivait, Daito-no-yataka dans la province d’Omi (aujourd’hui la préfecture de Shiga).

Selon les mêmes sources, le frère de Yoshimitsu, Yoshi-Ie, aurait largement contribué au développement de cette méthode en y ajoutant les techniques d’un art nommé le Geki-to (techniques d’utilisation du daito ou grand sabre). Lors de la défaite à la bataille nommée « ato san nen no yaku » en 1083, Yoshimitsu aurait commencé à mettre au point les techniques de contrôles des articulations, atémi, strangulations, à partir de l’observation minutieuse de différents corps et cadavre sur le champ de bataille.

Après cette bataille, il partit vers la province de Kai (dans la région du kanto) et adopta le nom de Takeda. Son fils Kanja Takeda perpétua la tradition. L’un des descendants de cette famille, Takeda Shingen (1521-1573), s’illustrera à merveille en tant que Seigneur de guerre durant la période de sengoku jidai (1480-1600).

Cette méthode de combat fut transmise dans le plus grand secret au sein de la famille en tant que hi-kaden, transmission secrète familiale. Les termes de Aiki-jutsu, Aiki-no-jutsu ou encore Aikijujutsu n’étaient pas vraiment utilisés. Les documents relatifs à l’école mentionnent une forme nommée Oshiki uchi ou Oshiki nai, une forme de combat qui se transmettait à l’intérieur du château où résidaient les guerriers de haut rang.

Cependant, le terme Oshiki uchi ne traduit pas une éventuelle forme de combat, sa traduction littérale ferait plutôt penser aux formes et étiquettes, us et coutumes à respecter à l’intérieur du château. Ainsi, le contenu technique, la forme, de ce que propose l’Oshiki uchi reste très vague, voir inconnu encore aujourd’hui car il n’y a aucun manuscrit historique ou chronique qui en présente une référence précise.

Juste avant l’anéantissement de la famille Takeda par l’armée d’Oda Nobunaga (1534-1582) à la bataille de Nagashino en 1575, un certain Kunitsugu Takeda aurait emporté toutes les notes du défunt Shingen Takeda et s’enfuit dans le Kyushu où se trouvait le fief des Aizu. Là-bas, il aurait établi la famille Takeda où le style Oshiki uchi fut transmis secrètement de génération en génération jusqu’à Sokaku Takeda qui sera le premier à le divulguer officiellement.

Selon une autre version de l’histoire, il s’agirait d’un fidèle vassal de Shingen, Daito hisa nosuke, qui se serait enfui secrètement vers le fief des Aizu. Il y a encore beaucoup d’histoires et d’anecdotes qui viennent se mêlées à l’histoire officielle.

Tout d’abord, les makimono et densho qui rapportent cette histoire ainsi que la généalogie de l’école, datent tous de la période Meiji. Avant cela, il n’y a aucune mention du nom Daito-ryu Aikijujutsu, du terme Aiki-jutsu et encore moins du terme de Oshiki uchi. Dans les fiefs voisins de celui des Aizu, comme celui de Shimazu où les écoles de Bujutsu de premier plan comme le Jigen-ryu et le Taisha-ryu, dont la filiation technique et historique attestée depuis le début du 16ème siècle, étaient transmises à l’élite de la classe guerrière mais aucune chroniques familiales, ni notes historiques relatives à ces écoles, mentionnent ni le nom de Daito-ryu ni les termes Aikijujutsu, Oshiki-uchi. Il n’y a pas l’ombre d’un document qui ne fasse la plus petite mention du terme Aikijujutsu ou Oshiki-uchi…

A cela, s’ajoute aussi un détail qui attire tout de suite l’attention. En effet, les techniques du Daito-ryu sont très nombreuses, on en dénombre plus de 2000. Ainsi, la réponse à la question concernant la transmission fidèle d’un aussi grand nombre de techniques sans passer inaperçu, reste toujours aussi énigmatique. Les techniques du Daito-ryu ne sont pas unique, et en étudiant bien leur forme, on remarque tout de suite des similitudes flagrantes avec celles d’autres écoles de Bujutsu et Jujutsu qui naquirent durant la période de Meiji (1868-1912).

La période  Meiji est marquée par la mise en place du droit égalitaire entre les Japonais, et donc la possibilité pour qui le désire d’apprendre le Bujutsu ou faire une carrière dans l’armée, l’interdiction du port des deux sabres comme signes distinctifs de la classe guerrière et bien sûr l’ouverture totale du pays aux puissances étrangères.

L’interdiction du port des deux sabres va favoriser l’émergence et le développement d’un nouveau type d’école dont l’enseignement est essentiellement centré sur un ensemble de technique d’autoprotection. C’est dans ce contexte que naquirent des écoles bien connues comme notamment le Okura Asayama Ichiden-ryu Taijutsu ; le Takeuchi-ryu (différente de l’antique école Takenouchi-ryu kogusoku qui remonte au 15ème siècle), Nakazawa-ryu, Bokuden-ryu, Daito-ryu (courant issue de l’école Araki-ryu), Isshin-ryu, Aikikaï, Hakko ryu ou encore, plus tard, Kokodo.

Les formes de l’Aikijujutsu sont beaucoup plus compactes et ramassées, avec très peu de déplacements (par rapport aux techniques actuelles que l’on connait de l’Aikido).  Mais il en allait différemment dans les premières décennies de l’évolution du Maître Ueshiba.

Il devait y avoir davantage de ressemblance à l’époque du début de la création de l’Aikido que maintenant.  Ce sont des techniques très courtes, qui font toujours référence à l’anatomie et qui sont extrêmement précises.  Elles sont basées, comme de nombreuses techniques martiales à mains nues, sur la douleur et sur le déséquilibre.  Il existe un grand nombre de projections, de luxations et de techniques d’atémi sur des points vitaux.

La technique d’Aikijujutsu n’est pas vraiment démonstrative.  Toutefois les spectateurs des démonstrations ont pu voir combien uke se disloquait sous l’effet de l’onde de choc sans qu’il y ait pourtant de grand déplacement.

Les formes sont également plus rectilignes que rondes (du moins en apparence) et répondent plus à une progression technique liée à la connaissance anatomique et physiologique de l’individu.  Comme dans les autres formes d’Aikido il y a là une similitude : LA RECHERCHE D’UN MAXIMUM D’EFFICACITE POUR UN MINIMUM D’EFFORT, et surtout, la possibilité réelle (enfin retrouvée disent les élèves venus d’autres disciplines et qui viennent assister à nos cours) pour quelqu’un de faible de venir à bout SANS FORCE, physique, de quelqu’un de plus puissant musculairement.  C’est là la base des techniques JU et AIKI !

Quelques Maîtres japonais prestigieux.

Soke Katsuyuki Kondo, Daito ryu
Shodai Soke Okuyama Ryuho, Hakko ryu
Soke Yasuhiro Irié, Kokodo


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